Qu’est-ce que la neuroatypie ?
La neuroatypie est souvent considérée sous le prisme du déficit. Or, on oublie à tort que c’est en partie grâce à ce concept que les scientifiques explorent le sujet du cerveau sous une nouvelle perspective. Comme c’est le cas sur beaucoup de sujets qui touchent la biologie humaine, il reste encore de nombreuses choses à découvrir sur la diversité cognitive.
Tout savoir sur la neuroatypie
La neuroatypicité, ou la neurodivergence, désigne les personnes différentes cognitivement de la « norme ». Ce terme a été utilisé en premier lieu pour contourner ce concept de « normalité », de plus en plus problématique. La neuroatypie n’est pas un diagnostic, mais une notion développée pour fournir une opposition à celle de neurotypique. Elle ne possède pas de caractère scientifique, mais s’appuie sur les neurosciences et les sciences biologiques. Voyons-la plus en détail :
- Le développement des neurosciences
- Que signifie neuroatypie ?
- Qui sont les neuroatypiques ?
Le développement des neurosciences
L’histoire de la connaissance du cerveau débute dès l’Antiquité avec Aristote. Il faudra attendre le 17e siècle pour dépasser ces premières théories, puis le 20e siècle pour découvrir les neurosciences telles qu’on les connaît aujourd’hui.
De l’Antiquité à la première moitié du 19e siècle
À l’Antiquité, le fonctionnement cérébral s’explique selon deux théories :
- Le cardiocentrisme, selon Aristote, qui considère le cœur comme le siège des facultés mentales.
- Le cérébrocentrisme, selon Platon et Gallien, qui considère que les facultés mentales sont localisées au niveau du cerveau.
C’est grâce à la révolution scientifique et philosophique que l’idée du cerveau comme étant le centre des pensées a émergé, et notamment grâce à la connaissance de l’anatomie humaine avec Hippocrate, Hérophile et Erasistrate.
Puis, les travaux de Gallien permettent d’ôter les derniers doutes : le cerveau est bel et bien le siège de « l’âme dirigeante ». L’essor des dissections et les travaux de Descartes et de François Joseph Gall (neurologue) ont continué de participer à l’évolution des connaissances de l’Antiquité.
Les révolutions du 20e et du 21e siècle
Le 20e siècle amène avec lui le développement de l’électromagnétisme, de la chimie organique, de la microscopie, etc. Tous ces progrès permettent alors de renouveler les méthodes de recherches autour du système nerveux. À ce moment-là, il devient évident que les zones d’ombre autour du cerveau sont encore bien nombreuses et qu’il reste encore beaucoup à apprendre sur ce dont est capable notre boîte crânienne (supervision du langage et toutes les facultés spécifiques à l’être humain).
Le 20e siècle associe également les neurosciences à la philosophie de l’esprit, notamment grâce à l’étude du rêve de Jouvet. C’est, en revanche, le 21Ie siècle et ses techniques toujours plus puissantes, telles que l’IRM, la caméra à positons, la radiographie X, etc., qui explorent la description de la conscience de soi et du lien entre inconscient et conscient. C’est entre autres ce développement des neurosciences qui permet l’apparition des premières théories sur les neuroatypies.
Que signifie neuroatypie ?
C’est Judy Singev, sociologue australienne, qui conceptualise la neurodiversité (ou la neuroatypie). Elle l’explore alors sur la base de sa lignée généalogique (sa fille et sa mère étant autistes et étant elle-même sur le spectre autistique).
La définition de la neurodiversité
La neurodiversité désigne tout simplement le fait qu’il existe des cerveaux qui fonctionnent différemment au sein de l’espèce humaine. Il est important de rappeler que cette différence n’est pas une théorie fumeuse, mais bien un fait qui, par définition, s’accompagne de preuves tangibles. En effet, les observations montrent :
- Un ensemble de traits formant un tableau atypique (traits autistiques),
- Des différences visibles par le biais d’IRM cérébrale ou d’autres outils médicaux,
- Parfois même, des marqueurs génétiques et héréditaires selon l’atypie.
On parle donc de fonctionnements qui ne font pas partie de la norme majoritaire et dominante. Ce terme ne désigne pas uniquement le spectre autistique, toutefois, il est encore principalement utilisé sous ce prisme.
Un terme créé par des autistes pour des autistes
Comme vu précédemment, c’est Judy Singer qui, la première, développe le concept de neurodiversité. Selon elle, il ne désigne pas une caractéristique des individus. Il s’agit d’une mesure qui exprime un degré de variabilité d’une personne par rapport à la population.
Judy Singer a créé ce mouvement qu’est la neurodivergence dans le but de lutter contre l’oppression systémique dont sont victimes les autistes, et plus généralement, les atypiques. Ce n’est donc pas un terme scientifique, mais bien un concept politique.
Qui sont les neuroatypiques ?
Les neuroatypies rassemblent un grand nombre de fonctionnements cognitifs. Parmi eux, on retrouve principalement :
- Le spectre autistique,
- Les troubles dys (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, dysorthographie, etc.),
- Les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA et TDAH),
- Les personnes à haut potentiel intellectuel (HPI) et très haut potentiel intellectuel (THPI),
- Les hauts potentiels émotionnels (HPE) et les hypersensibles.
Ces différentes atypies sont incluses de manière inégale au sein de notre société. Fou, psychotique, fainéant, lâche, refusant de se prendre en main, les termes désignant les atypiques sont nombreux et souvent dégradants. Il est donc crucial de rappeler que :
- Toutes les différences ne sont pas pathologiques,
- Un fonctionnement cognitif différent n’est pas forcément nuisible,
- Un trouble n’est pas que souffrance, mais également une réorganisation des connexions du cerveau.
Sans nier la notion de handicap, présente indéniablement pour certaines atypies, il est crucial de remettre en perspective la notion de « normalité » qui n’est qu’une construction sociale centrée sur un idéal (rarement atteint) et qui ne fait qu’opposer capacité à incapacité. Le terme neuroatypie propose finalement un espace de réflexion qui permet de sonder les esprits « différents ».
Ce qu’il faut retenir sur la neuroatypie
La neuroatypie désigne la variabilité neurologique des individus. On la compare souvent à la notion de biodiversité. Le mouvement neurodivergent tend à lutter contre les stigmatisations subies par les individus concernés et à célébrer la diversité des modes de pensée. Douance, hypersensibilité, autisme, la neurodiversité renferme de nombreuses notions. Par définition, elle se veut inclusive et nous incite donc à revoir nos standards. Finalement, elle nous pousse à nous poser une question : et si nous accordions plus de valeurs à la diversité qu’aux normes sociales ?
Sources :
https://neurodiversity2.blogspot.com/p/what.html
https://www.cairn.info/revue-cites-2014-4-page-71.htm
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01873317/document
https://miashs-www.u-ga.fr/prevert/SpecialiteSC/Cours/Cours%20de%20Suliann/1.INPG_Intro.pdf
https://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_1991_num_44_3_4200
https://www.cairn.info/les-fonctions-en-psychologie–9782870099889-page-67.htm
https://www.cairn.info/revue-figures-de-la-psy-2014-2-page-87.htm
http://sommeil.univ-lyon1.fr/articles/savenir/jouvet/jouvet.php
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