Audrey Hernandez

Après avoir exploré l’invisibilité des femmes autistes (article en cliquant ici) et les souffrances spécifiques de l’autisme au féminin (article en cliquant ici) mon dernier article propose des pistes d’actions. Tu n’es pas obligé.e d’avoir lu les deux précédents pour parcourir celui-ci.

Loin d’être dans une posture passive, de nombreuses femmes autistes prennent aujourd’hui la parole et participent activement à leur propre visibilité. Et heureusement qu’elles sont là ! Ne lâchez rien !

Sommaire :

  • Comment faire évoluer les pratiques des professionnel.les de santé ?
  • Quelles ressources existent pour les femmes avec un TSA ?
  • Et surtout : comment sortir de l’invisibilité et construire une reconnaissance pleine et entière ?

Comment faire évoluer les pratiques des professionnel.les de santé ?

Il est indispensable de former les professionnel.les (médecins, psys, enseignants et tous plein d’autres corps de métiers bien entendu) aux traits du spectre autistique, spécifiquement pour la petite fille, la femme. Cela implique d’ouvrir tes chakras Mich-Mich, et ça va bien se passer t’inquiète !

Il s’agirait déjà d’adapter les questionnaires de détection, d’arrêter de l’appeler « diagnostique » faisant croire à une maladie (attention, dans certains cas, ça l’est), de mettre en place un suivi psy (à condition que ce / cette psy soit formé.e et ce n’est pas gagné non plus), et d’ouvrir les consultations à une écoute plus fine et plus humaine. Sans jugement ou à priori sur les gens qui viennent consulter. Comme devrait se comporter chaque pros quoi !

Des recherches récentes et des colloques francophones commencent à se pencher sérieusement sur le TSA au féminin, mais cela reste encore trop marginal et trop élitiste : ouvert qu’au personnel soignant (coucou, une femme avec un TSA va voir d’autres pros aussi !), vu comme des groupes de gourous, alors qu’on est un des rares pays en Europe à remettre en doute les neuroatypies. C’est vraiment n’importe quoi !

Tout n’est pas à prendre chez nos voisins, en revanche, en Ecosse (un exemple parmi tant d’autres), cela fait parti des questions pour s’assurer un accompagnement adéquat. Un.e pédiatre demande : est-ce que votre enfant à des neuroatypies ? Est-il un B.A.B.I ? (bébé aux besoins intenses), etc. C’est juste pris en compte, comme le fait d’avoir des cheveux ou non. POINT.

En bref : former, former, former.

Quelles ressources existent pour les femmes avec un TSA ?

Des collectifs comme l’Association Francophone de Femmes Autistes (AFFA) ou des figures militantes comme Julie Dachez contribuent à rendre visibles les expériences vécues. Témoignages, vidéos, conférences, réseaux sociaux : la parole se libère et les femmes s’approprient leur récit.

Cette prise de parole collective est essentielle pour créer une reconnaissance sociale et briser les stéréotypes encore très tenaces.

Plus globalement, il y a des assos qui œuvrent pour l’inclusivité du TSA, comme le GEM ou au-dela-des-murs et même une asso nantaise : autisme44.fr.

Ce sont des structures en Loire Atlantique et je suis sûre que près de chez toi tu peux trouver du soutien de cette manière.

En gros : ne reste pas seule.

Et surtout : comment sortir de l’invisibilité et construire une reconnaissance pleine et entière ?

Inclure les femmes autistes, c’est proposer des aménagements adaptés, même quand cette neuroatypie n’est pas visible : temps de récupération, environnement calme, communication non verbale, rythmes souples, adaptabilité : autant de façon de reconnaître leurs besoins psychiques, émotionnels et sensoriels. Cesser de remettre en doute ses ressentis et sa fatigue. Ecoute, sois ouvert.e, rappelle-toi !

La femme détectée avec un TSA doit également prendre ses responsabilités : apprendre à se connaitre AVEC ses neuroatypies, faire la paix avec, communiquer autour d’elle (entourage proche, au moins) pour être épanouie et entendue.

Dans l’idéal, les deux côtés doivent co-habiter donc communiquer chacun.e ses besoins !

Cela passe aussi par une volonté politique : reconnaître le TSA, d’autant plus invisible pour la femme adulte, garantir l’accès aux droits, et inclure les profils atypiques dans les différentes sphères, comme les entreprises.

Un beau projet… !! Loin d’être à grandeur mondiale, en revanche, one step on a time, c’est bien l’essentiel.

Conclusion

Sortir de l’invisibilité ne se décrète pas : cela se construit, avec, par et pour les femmes concernées. Il ne s’agit pas de forcer à se rendre visible, mais d’offrir des espaces de reconnaissance, de parole et de soutien, où chaque femme autiste peut exister pleinement.

Il s’agit d’une lutte pour nous, et nos générations futures : vivement que toutes ces personnes avec des différences aient leur place, sans se sentir obligées de se justifier d’exister.

En rendant visibles les TSA dans les discours, les pratiques, et les institutions, on ne fait pas que réparer une injustice : on ouvre la voie à une société plus inclusive, plus douce, et plus humaine.

Une chose simple : parle-en à ton docteur / ta docteuresse, avec un petit dépliant à lui laisser, histoire d’égayer sa curiosité. C’est déjà un premier pas pour sortir de l’ombre et de la suradaptation.

Si tu n’es pas concerné.e par un TSA : forme-toi, il y a suffisamment de contenu sur les z’internets.

Si tu es concerné.e par un TSA : parle de tes besoins, tente de trouver un équilibre en t’écoutant toi ET l’autre. Fait-toi accompagner par un.e psy formé.e. Et fait toi confiance.

Dans les deux cas : rien d’évident puisqu’il faut tout réapprendre et concilier.

Danser ensemble et avancer.

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