Audrey Hernandez

Pourquoi est-il si important de se questionner sur sa posture d’accompagnateur ?

L’accompagnement est un phénomène social. Depuis les années 90, il gagne de nombreux secteurs professionnels (éducation, santé, formation, mentorat, coaching, etc.). Alors qu’il faisait partie précédemment du vocabulaire de la vie courante, il est désormais dans celui des professionnels et des pouvoirs publics. Il est devenu ainsi une pratique, une activité et répond donc à des obligations, à un cahier des charges. L’accompagnement, en tant que dynamique relationnelle, est porté par la posture de l’accompagnateur et c’est ce que nous allons voir ici. 

Tout savoir sur la posture d’accompagnateur

Parce que l’objectif d’un accompagnement est le changement de position d’un individu (pour rappel, la définition rudimentaire de l’accompagnement est de guider un individu d’un point A à un point B), les conséquences de ses choix de posture et de sa manière de concevoir son métier sont importantes. Pour ce faire, nous allons donc répondre à ces questions :

  1. Que veut dire accompagner ?
  2. Quelles sont les 5 dimensions à la posture d’accompagnement selon Maela Paul ?
  3. Quelles sont les fonctions d’un accompagnateur ?
  4. Quel équilibre adopter entre engagement et distanciation ?
  5. Quelle place ont les émotions dans un accompagnement ?

Que veut dire accompagner ?

L’accompagnement est une relation entre deux parties qui permet la mise en œuvre d’une démarche dite non linéaire. En d’autres termes, si le point de départ et le point d’arrivée sont connus, le trajet entre ces deux points, lui, varie en fonction de la personne accompagnée.

Traditionnellement, il existe 3 modèles d’accompagnement :

  1. Thérapeutique, qui mobilise les ressources personnelles d’un individu lors d’un « dysfonctionnement » passager ; le professionnel évite ici de se substituer à lui en lui fournissant un remède,
  2. Maïeutique, qui permet également de mobiliser les ressources d’un individu en le mettant en contact avec son intériorité. Le professionnel ici a le rôle de facilitateur et s’appuie sur sa propre expérience,
  3. Initiatique, qui permet le changement par le biais de rites de passage L’accompagné est un membre actif de sa communauté. Le compagnonnage est une forme d’accompagnement historique qui associe apprentissage et voyage.

Entre tradition et post-modernité, l’accompagnement est un moyen de relier 3 concepts : individualisation, autonomisation et socialisation. Nous retrouvons ces concepts de manière sous-jacente dans les 5 dimensions de la posture de l’accompagnateur élaborées par Maela Paul.

la posture de l'accompagnateur

Quelles sont les 5 dimensions de la posture de l’accompagnateur selon Maela Paul ?

Docteure en sciences de l’éducation, elle travaille depuis de nombreuses années sur le concept d’accompagnement auprès de professionnels de tous secteurs. En 2007, Maela Paul définit 5 dimensions à la posture d’accompagnement. On retrouve la posture :

  • Éthique,
  • De non-savoir,
  • De dialogue,
  • D’écoute,
  • Émancipatrice.

La posture éthique exige une démarche critique et réflexive. Le professionnel est invité à s’interroger sur le bien-fondé de son accompagnement et sur ses limites. L’enjeu étant de poser un cadre bienveillant permettant à l’accompagné d’être l’auteur et l’acteur de son projet.

La posture de non-savoir s’oppose par définition à celle d’expert. Les deux parties se positionnent d’égal à égal. Celle de dialogue est essentielle dans la résolution d’une problématique prédéfinie. La posture d’écoute implique, elle, une interaction, une reformulation, un questionnement et une attention accrue à l’autre. Et enfin, c’est la posture émancipatrice qui offre aux deux parties la possibilité d’évoluer tout au long du travail. Ces 5 dimensions apparaissent comme essentielles. D’elles viennent s’ancrer les fonctions d’un accompagnateur. Voyons ces dernières plus en détail.

Quelles sont les fonctions d’un accompagnateur ?

Les fonctions d’un professionnel de l’accompagnement sont multiples :

  • Guider,
  • Surveiller,
  • Et éveiller.

Trouver un équilibre entre ces 3 fonctions exige :

  • D’accorder le temps nécessaire,
  • Et d’être en mesure de s’ajuster sans cesse à la personne à accompagner et à son objectif.

L’accompagnement implique d’éveiller l’autre à ses propres ressources pour qu’il puisse se prendre en charge ; ce qui nécessite de l’investissement, du temps et d’adopter une position éthique. Le professionnel se doit donc de répondre à une attente précise et d’appréhender l’autre dans sa singularité. De plus, la confiance et la sécurité sont primordiales pour rendre l’autre en état d’être accompagné. De là découle une autre question qui est celle du bon ratio distance/engagement dans une relation d’accompagnement.

Quel équilibre adopter entre engagement et distanciation ?

Engagement et distanciation sont deux notions indissociables et complémentaires. Bien qu’elles apparaissent comme étant une dualité, elles sont toutefois cruciales dans la pertinence et l’efficacité d’un travail d’accompagnement.

La distanciation

La distanciation implique une certaine neutralité. Elle est essentielle pour être objectif, comprendre et analyser une problématique. Cette position permet à l’accompagnateur de déployer la méthode ou l’outil appropriés à chaque situation sans être affecté par un ou plusieurs paramètres (émotionnels, effet miroir, etc.). 

L’engagement

L’engagement implique de rendre des comptes. Il s’envisage notamment sous la forme d’un contrat qui exige un niveau de réciprocité entre les deux parties. Il permet d’aborder un aspect particulier qu’est la gestion des émotions et de l’empathie. Ces deux notions lorsqu’elles ne sont pas contenues, créent un environnement complexe. C’est là qu’intervient l’importance de la relation contractuelle. Les obligations du contrat jouent ce rôle de garde-fou et c’est également pour cette raison qu’elles doivent être explicites. 

la posture de l'accompagnateur

Quelle place ont les émotions dans un accompagnement ?

C’est donc cet accompagnement contractualisé qui agit comme un « catalyseur ». Toutefois, il ne peut, à lui seul, totalement protéger le professionnel, notamment s’il est « trop » engagé. Goffman (2002) parle, pour un professionnel de l’accompagnement, de « tension permanente » entre l’obligation instantanée de s’impliquer émotionnellement et le contrôle de ses émotions. 

On peut également utiliser cette image de « jeu » avec les émotions ; c’est-à-dire que le professionnel est en mesure de « les inviter à certains moments et à les éloigner à d’autres ». Cette double dualité, distance et proximité, est un élément nécessaire au travail de tout accompagnateur.

Ce qu’il faut retenir sur la posture de l’accompagnateur

La posture de l’accompagnateur se doit d’être définie. On n’attend pas uniquement de lui qu’il se positionne comme un observateur externe, bien qu’il se doit d’éviter toute forme de dépendance. Son rôle est aussi de faire évoluer l’autre en partageant son savoir-faire et en le rendant parfaitement autonome. Ce qui requiert une grande adaptabilité de sa part face à la singularité de chaque personne à accompagner.

Il doit savoir donner et recevoir, être actif et passif et il en est de même pour l’autre partie. En d’autres termes, la relation d’accompagnement se base sur le principe de cocréation. La fonction de coach de vie est la forme la plus moderne des métiers de l’accompagnement. La confiance mutuelle, la création d’un environnement sécurisant et l’engagement sont cruciaux pour instaurer une relation saine avec les coachés et c’est précisément ce que je transmets dans la supervision pour les professionnels de l’accompagnement que je propose. Retrouvez tous les détails juste ici !.

Sources :

http://a.pdc.free.fr/IMG/pdf/_Le_concept_d_accompagnement_MAELA_PAUL.pdf

L’accompagnement : définitions et postures 2016-1-FR01-KA202-023941 d’Orane Bischoff et Sara Velasquez

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01374039/document

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