Audrey Hernandez

Mon cerveau ne veut pas dormir, le HPI en cause ?

Avoir le cerveau en ébullition est le quotidien de nombreux HPI. Si l’on ajoute à cela un environnement stressant qui n’offre aucun moment de répit, on obtient alors le terreau parfait pour une bonne baisse de régime. Lorsqu’il décide de n’en faire qu’à sa tête, le cerveau ne fait souvent aucune différence entre le jour et la nuit. Or, le sommeil, et plus précisément le manque de sommeil, impacte notre état de santé de manière générale. Alors, existe-t-il un lien entre HPI et sommeil ? Voici quelques éléments de réponse.    

Au sommaire : 

  • Qu’est-ce qu’il se passe pendant mon sommeil ?
  • Quel est le rôle de la sérotonine sur mon sommeil ?
  • Est-ce que le sommeil est différent chez les HPI ?
  • Que puis-je faire pour améliorer mon sommeil ?

Qu’est-ce qu’il se passe pendant mon sommeil ?

Avant toute chose, remontons au fonctionnement du sommeil. Que se passe-t-il dans nos corps et nos cerveaux lorsque nous dormons ? Si on devait schématiser le sommeil, on pourrait le scinder en 3 à 6 cycles successifs de 60 à 120 minutes chacun.

 

Les phases du sommeil

Chaque cycle de sommeil est composé d’un sommeil lent et d’un sommeil paradoxal, chacun correspondant à une activité cérébrale différente.

  1. Le sommeil lent qui se compose lui-même d’une phase de transition (éveil/sommeil), d’une phase de sommeil léger et d’une dernière phase de sommeil dit plus profond. Cette dernière phase dure environ une dizaine de minutes et induit le ralentissement du métabolisme.
  2. Le sommeil paradoxal, lui, fait état d’une activité cérébrale proche de celle que l’on observe lorsque nous sommes éveillés. Cet état est particulièrement propice aux rêves.

On le sait aujourd’hui, la qualité de notre sommeil joue un rôle crucial à la fois sur notre : 

  • Santé physique et mentale,
  • Concentration, apprentissage, mémorisation, orientation,
  • Poids,
  • Immunité,
  • Etc.

16 % de la population seraient concernés par les insomnies chroniques. On constate donc que les problèmes de sommeil sont clairement un des fléaux de notre société moderne.

Focus sur le sommeil paradoxal

Lorsqu’il est mesuré par un électroencéphalogramme, on constate que le sommeil paradoxal correspond à l’apparition des ondes alpha. La température corporelle augmente, le rythme cardiaque, la respiration et la pression artérielle en font de même. On l’appelle sommeil paradoxal, car il indique que notre cerveau est en état de veille. 

Toutes les spécificités du sommeil ne sont à ce jour pas connues. De nombreuses études ont en revanche démontré que la phase du sommeil paradoxal serait liée à la mémorisation et notamment à la mémoire consciente et déclarative. Elle représente en moyenne 20 % du temps de sommeil global et son temps se réduit à l’âge adulte. Chaque phase du sommeil est importante et notamment celle du sommeil paradoxal. Voyons pourquoi !

Quel est le rôle de la sérotonine sur mon sommeil ?

Pendant le sommeil paradoxal, la production de sérotonine est bloquée. Ainsi, plus cette phase est longue et plus le risque de manquer de l’hormone du bonheur au réveil est grand.

L’hormone du bonheur

Aussi appelée 5-hydroxytryptamine (5-HT), la sérotonine est un neurotransmetteur. Seul 1 % de cette hormone se trouve dans notre cerveau et environ 80 % sont localisés dans les intestins et l’estomac (notre second cerveau !). Son rôle est central, car c’est elle qui permet le passage des informations entre les neurones. Elle agit entre autres sur le bien-être et c’est pour cette raison qu’on l’appelle l’hormone du bonheur.

Une hormone importante au bon fonctionnement cérébral

La sérotonine est aussi liée à l’alimentation. Certains aliments vont favoriser sa production (les œufs, les légumes secs, etc.). De la même manière, l’activité physique va également participer à sa sécrétion naturelle. Bref, vous l’aurez compris, il s’agit d’une hormone importante qui va réguler notre appétit, notre douleur, mais également notre humeur et évidemment notre sommeil ! Maintenant, continuons notre focus sur le cerveau HPI.

Est-ce que le sommeil est différent chez les HPI ?

Le Docteur Olivier Revol, pédopsychiatrique qui a fait partie des premiers spécialistes à parler du HPI et notamment chez les enfants, a démontré dans une étude que le sommeil des surdoués était qualitativement différent.

L’étude du Dr Olivier Revol sur le sommeil des HP

Selon cette étude, les cycles de sommeil d’une personne HPI seraient moins longs que la moyenne. Ils avoisineraient, en effet, les 70 minutes, là où la moyenne se rapprocherait plutôt des 90 minutes. De la même manière, le sommeil paradoxal serait plus long chez un neuroatypique. La phase de sommeil profond serait elle, au contraire, plus courte. 

Ce spécialiste a également constaté que le passage vers le sommeil paradoxal est souvent très rapide chez un HPI. Il peut même se dérouler juste après l’endormissement.

L’impact du manque de sommeil sur le fonctionnement des HPI

Plusieurs conséquences sont à noter : 

  • Parce que le sommeil profond est plus court, la phase de récupération sera moins importante.
  • Parce que le sommeil paradoxal est plus long, la mémorisation sera, elle, plus importante et la production de sérotonine impactée.

On constate souvent chez les HPI des réveils difficiles mêlés à un sentiment de fatigue encore plus important que la veille. Il est courant de s’entendre dire que HPI et sommeil ne font pas bon ménage. Si, souvent, le repos est un état qui s’active presque de manière automatique (nous finissons par dormir un moment où un autre), le sommeil de qualité, lui, n’est pas automatique et ne s’improvise pas.

Que puis-je faire pour améliorer mon sommeil ?

Saviez-vous que 13 % des 25-45 ans considèrent le sommeil comme étant une perte de temps ? Prendre conscience de l’importance du sommeil serait certainement le premier pas pour l’améliorer.

Les rituels d’endormissement

Vous l’avez compris, la préparation au sommeil va au-delà du moment du coucher. L’alimentation, les moments de détente, les pratiques physiques, c’est finalement notre cadre de vie qui détermine la qualité de notre sommeil. On observe souvent chez les HPI que la phase d’endormissement est l’étape la plus compliquée.

Idées créatives, bilan, planification, ruminations, peurs, angoisses, qu’on se le dise, calmer son cerveau à ce moment-là de la journée peut paraître mission impossible ! 

Il n’existe malheureusement aucun remède miracle. Se détendre le mieux possible, préparer son corps et son cerveau au calme est le meilleur moyen de favoriser l’endormissement. 

Le rituel peut être un outil intéressant. En choisissant des étapes qui vous conviennent, qui vous font du bien, vous pourrez plus facilement vous préparer au sommeil. De la même manière, la ritualisation et donc la répétition des mêmes gestes et idéalement à la même heure enverront le signal à votre cerveau qu’il est temps de se calmer. Intégrer une nouvelle habitude est toujours compliqué. Il est important en revanche de penser aux bénéfices que l’on va en tirer sur le long terme !

La médecine naturelle

De nombreuses techniques sont aujourd’hui à notre disposition. La méditation, la relaxation, la sophrologie, l’hypnose, etc., toutes ces pratiques peuvent aider à diminuer le stress et surtout à le faire en toute autonomie. Le but est en effet que ces techniques puissent être utilisées le soir pendant un rituel d’endormissement par exemple.

Certaines huiles essentielles sont aussi reconnues pour lutter contre les insomnies : la Camomille Romaine, la Lavande Vraie, la Bergamote, le Petit Grain Bigarade ou encore la Marjolaine à Coquilles. Ce type d’utilisation exige toutefois de bien suivre les conseils d’utilisation requis.

Le chronotype

Le chronotype fait état de votre profil de dormeur. Il va indiquer les habitudes et les moments de veille de chacun. On retrouve en général 3 profils : 

  • Ceux qui sont du matin et sont plutôt lève-tôt,
  • Ceux qui sont au contraire du soir et sont lève-tard,
  • Les intermédiaires qui suivent plus ou moins le cycle du soleil.

Définir son chronotype sert principalement à connaître le moment idéal pour aller au lit, mais aussi pour en sortir. On peut avoir tendance à s’imposer une heure de réveil, et donc de sommeil, qui ne convient pas forcément à notre chronotype et à nos besoins. Finalement, rien de mieux que de s’observer, de s’apprendre pour déterminer le rythme le plus adapté.

HPI et sommeil ne sont pas incompatibles. Le repos est d’ailleurs l’une des clés qui permet de déployer son potentiel. Faire de lui un allié permet entre autres de booster sa créativité, comme l’ont démontré des chercheurs de l’Institut du Cerveau et du service des pathologies du sommeil à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP. Pour vous y aider, sachez qu’il existe un test en ligne qui vous permet de définir votre chronotype et pour aller encore plus loin sur le sujet du sommeil, voici une conférence sur les horloges circadiennes et les rythmes veille/sommeil donnée par François Rouyer, directeur des Neurosciences Paris-Saclay.

Source : 

https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/#:~:text=Le%20sommeil%20paradoxal%20correspond%20%C3%A0, (sous%20les%20paupi%C3%A8res%20ferm%C3%A9es).

https://www.cenas.ch/le-saviez-vous/les-differentes-phases-de-sommeil/

https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/

https://sommeil.univ-lyon1.fr/articles/savenir/3type/stade5.php