La femme HPI : trop intelligente pour être heureuse ?

Une soif de compréhension, intense, émotive, indépendante, passionnée par la complexité, lorsqu’elles sont associées à la femme HPI, ces caractéristiques ont rapidement tendance à se transformer en hystérique, agressive, arrogante, étourdie, pleurnicharde. Trop, la femme HPI est trop. Elle dérange, met la vision traditionnelle du concept de la femme dans l’inconfort.

Tout savoir sur la femme HPI

Pourquoi parler de la femme HPI ? En quoi le HPI est différent chez la femme ? Est-ce une façon de créer une fois de plus un fossé entre les sexes ? En réalité, notre société impose de traiter le haut potentiel intellectuel sous cet angle. La différence entre la femme et l’homme HPI repose à la fois sur leur conceptualisation même au sein de notre modèle sociétal et aussi sur la différence biologique inhérente aux deux sexes.

Au sommaire :

  1. L’évolution du HPI
  2. Reconnaître une femme HPI
  3. La femme HPI : un atout en entreprise
  4. La femme HPI amoureuse
  5. Être maman et HPI
  6. HPI chez la femme : cause de souffrance ?

L’évolution du HPI

HPI signifie Haut Potentiel Intellectuel. Jusque là, rien à redire. Sa définition « officielle » le définit comme caractérisant « une personne ayant un quotient intellectuel supérieur ou égal à 130 ». C’est là où ça coince ! 

Les débuts de la recherche scientifique

Cette définition indique donc que le HPI désigne une personne dont l’intelligence est mesurée par un test standardisé. Ce résultat chiffré dépasse donc un seuil prédéfini. Les recherches scientifiques ont longtemps privilégié une conception numérique du haut potentiel. 

Aujourd’hui encore, la méthode privilégiée tant en psychologie que dans la recherche reste l’identification par le QI. Ce critère est problématique pour plusieurs raisons, mais particulièrement à cause de la valeur de ce seuil. Aucune mesure psychologique n’est exempte d’erreur et ce seuil de 130 ne prend pas en compte cette donnée importante qu’est l’erreur de mesure.

L’évolution des recherches scientifiques

Depuis une vingtaine d’années, la définition du HPI s’étoffe. 

L’émergence d’une vision multidimensionnelle

De nouveaux modèles viennent déconstruire cette vision unitaire largement répandue. Parmi eux, celui de :

Le point commun de ces modèles ? Ils sont tous d’accord pour affirmer que le haut potentiel intellectuel :

  1. S’exprime au travers des formes d’intelligence différentes,
  2. Peut se révéler dans d’autres domaines de compétences que celui de l’intelligence en elle-même,
  3. Intègre la conception de don (la présence de capacités) et de talent (la maîtrise de capacités et de connaissance),
  4. Peut être exprimé de différentes manières selon la présence d’un certain nombre de variables.

Un élargissement du champ des diagnostics

Là où cette conception multidimensionnelle devient intéressante, c’est qu’elle demande aux accompagnants d’élargir leur diagnostic à différents domaines. En voici quelques-uns :

  • La créativité,
  • La personnalité,
  • Les intérêts,
  • Etc.

Finalement, le HPI ne peut se résumer au QI d’un individu. Selon des conditions internes (les émotions par exemple) ou externes (l’environnement familial, scolaire, etc.), une potentialité intellectuelle se développe différemment. C’est évidemment à partir de cette conception multidimensionnelle que se base mon travail d’accompagnante.

Reconnaître une femme HPI

Le HPI a une résonance particulière chez la femme. Dotée d’une forte capacité de camouflage, la femme HPI est sous-représentée dans le monde de la douance, car moins identifiée. 

Pourquoi les femmes sont-elles moins détectées que les hommes ? 

Principalement parce que le modèle éducationnel standard fait que les jeunes filles et les femmes ont tendance à rester cacher. Il ne s’agit pas de dire que cette particularité ne concerne pas les hommes, elle est juste plus présente chez les femmes de par notre modèle sociétal. Sans oublier un point capital : la femme possède une structure psycho organique différente

Les variabilités émotionnelles chez la femme HPI peuvent rapidement être associées à certains troubles psychologiques. L’enjeu repose donc sur l’éducation et la connaissance de la douance. Plus celles-ci seront déployées, plus la femme HPI aura de facilité à sortir de sa cachette. 

Quelles sont les caractéristiques d’une femme HPI ?

Pour reconnaître la femme HPI, il faut aller la chercher chez la petite fille HPI. 

Les étapes de vie de la femme HPI

Celle-ci aurait tendance à :

  • Être cachée,
  • Être plutôt bonne élève,
  • Exécuter ce qu’on lui demande.

Cette cartographie s’étend à sa vie de jeune femme, puis de femme. À ce stade, les hormones apportent leur lot de difficultés et en même temps cette couleur différente à la douance. 

Ni trop femme ni trop homme

La femme HPI se reconnaît plus dans l’image masculine, mais sans se reconnaître totalement, ce qui explique que la recherche de l’identification est particulièrement présente chez la femme HPI. À ces caractéristiques, plusieurs autres s’ajoutent. Elle a en effet tendance à :

  • Ressentir intensément ses émotions,
  • Avoir des pensées complexes,
  • Être passionnée par les sujets profonds,
  • Avoir une soif de connaissance,
  • Être plutôt indépendante,
  • Être exigeante envers elle-même et envers les autres,
  • Posséder de hauts standards de valeurs et moraux,
  • Remettre en question l’autorité,
  • Mettre du sens dans chacune de ses actions,
  • Être déroutante, car elle ne rentre pas dans une case.
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On ne pourra jamais définir une femme HPI comme ayant un profil type. Elle peut être à la fois exigeante et bienveillante, autoritaire et douce, fragile et forte. Aucune étiquette ne peut lui être accolée. Mais alors, comment gérer tout cela lorsqu’elle finit par faire son entrée dans le monde du travail ?

La femme HPI : un atout en entreprise

Curieuse, passionnée, dynamique, ce sont ces caractéristiques qui font que l’on remarque une femme HPI au travail. Elle parle avec passion et analyse rapidement les situations et les problématiques.

La particularité de la femme HPI au travail

Elle est définitivement plus empathique que la moyenne. Cette haute sensibilité est presque proportionnelle à son manque de confiance en elle. On va parler dans beaucoup de situations du syndrome de l’imposteur. La quête de sens est également centrale chez la femme HPI. Elle va être à la recherche du sentiment d’être à sa place et d’exercer un métier aligné à ses valeurs. Elle est définitivement perfectionniste et fait généralement, au minimum, le double du travail qui lui est demandé. 

L’ennui : le fléau de la femme HPI

La femme HPI va très souvent exercer un métier soit dans lequel les possibilités d’évolutions sont lentes ou inexistantes, soit dans lequel les missions sont sous-dimensionnées. Son besoin de challenge, de curiosité, de défi est mis à l’épreuve. L’entreprise n’est pas forcément un univers hostile pour la femme HPI.

En revanche, le modèle entrepreneurial tel qu’on le connait est définitivement un lieu qui n’est pas propice au déploiement du potentiel de la femme HPI. Compétitivité avec les hommes, poids des stéréotypes, tous ces paramètres ne lui permettent pas d’être perçue tel qu’elle est. Mais alors, cette différence est-elle également présente dans ses relations amoureuses ?

La femme HPI amoureuse

Ah l’amour, sujet complexe et particulièrement pour un cerveau atypique. La zèbresse amoureuse a cette capacité de scanner l’autre, ses blessures, ses envies. Elle se perd souvent dans le rôle de la sauveuse. Elle en vient même parfois à rechercher des partenaires complexes qui viendraient la stimuler et tester ses limites.

Le choc de la rencontre avec une femme HPI 

La femme HPI a une façon bien à elle d’entrer dans l’intimité de l’autre de manière cash, direct sans prendre de gants. Curieuse, dense et intense, elle ne colle pas aux modèles classiques et peut parfois être considérée comme une « allumeuse ». Elle a cette capacité à attirer les autres et à se faire remarquer lorsqu’elle entre dans une pièce. La femme HPI cherche à être stimulée, son système de pensée a tendance à complexifier son rapport à l’amour et à l’autre.

Les dangers en amour pour une femme HPI

Là où certains individus vont se diriger inconsciemment dans des relations qui ne leur correspondent pas. La femme HPI sait exactement là où elle met les pieds. Challenge, besoin de stimulation ? Un peu tout ça à la fois. Fabrice Micheau, Expert d’adultes surdoués, appelle cela le syndrome du « Même pas mal ». Cette tendance à aller vers des relations où l’ennui et la routine n’existent pas. Il y a là un besoin d’apprentissage par l’autre qui pousse ce besoin de compréhension de cet autre presque à l’extrême. Ne pas savoir est un postulat que bannissent les cerveaux HPI. Mais alors, comment tout cela se retranscrit dans la maternité ?

Être maman et HPI

Fabrice Micheau dit que « les femmes ont des intranquillités que n’ont pas les hommes ». Il parle ici de l’accouchement, de la place de la mère, de la transmission, de la variabilité des hormones, etc. La maternité de manière générale est un sujet complexe et personnel. Chaque grossesse et chaque relation mère-enfant est unique. 

Si la douance chez la femme est si particulière, c’est également parce que, biologiquement parlant, la femme a ce rôle de transmission génétique. Elle est la matrice biologique. 

On peut tout de même distinguer certaines généralités au sujet de la maternité chez les femmes HPI. 

  • Elles ont des enfants plus tardivement que la moyenne,
  • Elles sont nombreuses à ne pas vouloir d’enfants,
  • Lorsqu’elles en ont, elles en moins que la moyenne,
  • La grossesse peut être vécue comme un raz de marré du fait de leur manque d’identification liée à leur enfance.

À mon sens, cette thématique mérite d’être explorée par la communauté scientifique. La grossesse, la maternité, la transmission, les lignées transgénérationnelles, mais également la vie intra-utérine, traiter ces sujets au travers du prisme de la douance permettrait de découvrir d’autres facettes de ce sujet si passionnant. Mais alors, le HPI est-il un fardeau pour la femme ?

HPI chez la femme : cause de souffrance ?

« Non, je ne suis pas folle ! ». Voilà une phrase prononcée par beaucoup de femmes qui prennent conscience de leur douance. 

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Une folle chez les fous 

Cette intuition, ce besoin d’aller au bout d’une idée qui est loin de faire l’unanimité, ce cerveau en ébullition à chaque fois qu’il traite une information, cette pensée en arborescence qui transforme une conversation banale en conférence, cette vision claire d’un processus que personne ne comprend, cette logique illogique pour les autres, tout ça peut rendre chèvre ! Mais non, tu n’es pas folle !

Remettre le curseur à la bonne place

La problématique de la douance, ou du moins de son acceptation, est qu’elle est analysée selon le prisme neurotypique. C’est-à-dire qu’avant de prendre conscience de son atypie, la femme HPI a vécu dans un monde dans lequel ELLE était médiocre. Or, ce monde est un monde neurotypique. 

Lorsque son HPI est détecté, elle est alors confrontée à un vrai défi. L’enjeu de l’assimilation de cette donnée est d’accepter ce décalage avec le monde extérieur et de réussir à impulser ce switch en s’auto évaluant selon le prisme de l’atypie. Finalement, intégrer cette donnée signifie pour la femme HPI positionner sa norme comme étant LA norme

Le masque neurotypique

Le processus de déconstruction et de reconstruction est long et parfois même douloureux. En ce sens, l’ancrage du HPI dans sa vie apparaît comme une cause de douleur chez la femme atypique. Est-ce que cela est voué à durer ? Non. Est-ce que cette affirmation est une généralité ? Non. La clé ? Réussir à enlever ce masque neurotypique, se dépouiller du poids sociétal, familial, éducationnel afin de renaître sous son vrai jour. 

La femme sauvage

La femme HPI ne se reconnaît pas dans les modèles que lui propose la société. Ni femme ni homme, elle vacille entre ces deux identités sans jamais s’identifier réellement. Souvent, lasse de se combat, elle rend les armes et accepte de se conformer aux normes. Jusqu’au jour où, parfois sans s’en rendre compte, la vie lui rappelle qu’elle n’est pas sur la bonne voie. Ce retour à la réalité, violent et déstabilisant, la confronte à tout ce qui jusque-là bloquait son potentiel. 

L’objectif alors est de retrouver cet état naturel, ce côté « sauvage » dénué de toute injonction. Ce processus consiste à accepter ce fonctionnement neurologique et cognitif différent, redécouvrir le pouvoir de son intuition, décider de sortir de sa cachette et d’embrasser son leadership. La femme HPI casse les codes c’est un fait. Lorsqu’elle s’accepte, elle accepte également de déranger les autres.

La femme HPI en bref

La femme HPI est définitivement sous-représentée dans le monde de la douance. Les perceptions sociales la poussent à étouffer son potentiel. De là naît un fort besoin d’intégration qui finit parfois par masquer le fardeau qu’elle peut vivre au quotidien. Même lorsqu’elle décide d’entrer dans l’action, le syndrome de l’imposteur n’est jamais très loin. La chercheuse Lee Anne Bell évoque que cette capacité « à douter et à discréditer ses capacités et ses réalisations » est particulièrement handicapante pour la femme HPI. 

Nier sa douance devient alors vital. Pour survivre dans ce monde, la surdouée va se fondre dans la masse. Sans modèle d’identification, elle n’a pas d’autre choix que de se conformer sous la pression sociale. Le HPI chez la femme révèle des enjeux qui vont au-delà de l’intelligence émotionnelle ou d’une notion numéraire du QI. Par sa simple présence, la femme HPI déconstruit un des fondements de notre modèle sociétal. La question alors est qu’allons-nous faire de ce constat ? Le laisser sous silence ? L’étudier ? En comprendre les enjeux ? À chacun de se positionner.

Autres sources :

https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2006-5-page-469.htm#s2n1

https://www.psyris.be/wp-content/uploads/2019/12/ConfREALISE.pdf

https://www.parlonsrh.com/media/hpi-ces-zebres-qui-vous-veulent-du-bien/